Hanoï, fascinante et mystérieuse…

Jeudi 7 décembre

Hanoï, une capitale unique ; c’est tout de suite ce que l’on ressent en arrivant dans les rues du vieux Hanoï. Quand le chauffeur nous a laissé hier soir à l’entrée du quartier des 36 corporations, nous étions un peu perdus dans toute cette animation. Quelle rue prendre ? Dans quel sens partons-nous ? Et de partout des gargotes, des vietnamiens avec un bol de soupe, des scooters partout et parfois même sur les trottoirs… Une boussole, un peu de concentration et du sang-froid, nous y étions ! « Hanoï Hostel Life»

 

Nous avons choisi de faire un voyage dans le temps en logeant dans le vieux Hanoi car ici, plus on avance vers le cœur urbain de la cité, plus on remonte dans son histoire et vers ses origines.

Dans ce quartier de marchands et d’artisans, on y déambule à pied au milieu d’une quantité innombrable de scooter ; on n’a pas de mal à s’imaginer à quoi ressemblait la ville autrefois avec ses marchands, ses artisans et ses boutiquiers ambulants.

Ce plus vieux quartier de Hanoï est aussi appelé le quartier des 36 rues ou des 36 corporations, on dit qu’il sera peut-être bientôt classé dans les sites du Patrimoine mondial de l’Unesco. Chaque rue a pris une spécialité professionnelle, représentant un seul métier ou une corporation. Le rue du fer, la rue des poissons grillés, la rue des autels votifs, la rue de la chaussure, la rue de la mercerie, la rue du carton, la rue du chanvre, la rue des médicaments, la rue du sucre et j’en passe…

 

 

Les rues s’enchaînent et nous cherchons à chaque recoin qu’elle sera la prochaine… « La rue de Noël !!! C’est la rue de Noël ! » crient Lily et Jonas en cœur. Leurs yeux brillent de voir toutes ces décorations de fêtes. « On achète un sapin maman, allez !! » Je crois que je vais m’évanouir… Un sapin ! Et on le transporte comment le sapin ?! « Non mais un petit » disent les deux en cœur. « Ah non, cela ne va pas être possible ! » … J’imagine déjà Ludo avec un sapin accroché sur le sac lui-même accroché sur son dos, j’en ris encore 😊 Nous négocions le sapin contre deux bonnets de Noël qu’ils garderont d’ailleurs sur la tête toute la journée

 

Le quartier est extraordinairement vivant, quelquefois attachant. On y retrouve une architecture qui nous avait déjà interpelé à Saigon : les maisons-tube. Ce sont des maisons étroites, hautes et profondes comme des boîtes à chaussures. Les étages s’empilent comme des conteneurs. Les pièces sont très longues et peu larges. Mais pourquoi s’était-on déjà questionné à Saigon ? Par manque de place ? Pour des raisons de facilité en construction ? On en découvre la raison ici sur Hanoï, les propriétaires devaient payer des impôts proportionnels à la largeur de la façade côté rue, d’où l’idée d’en réduire l’importance… Pas bête !

 

 

Ce matin, c’est par ce quartier que nous commençons notre découverte d’Hanoï, en doudoune ! Anh, notre guide sur Vinh Long dans le sud nous avait bien prévenu, mais j’avoue que je ne l’avais pas vraiment cru. « Au sud, nous avons deux saisons, la saison sèche et la saison des pluies ; au nord c’est différent, c’est comme chez vous, il y a quatre saisons et en ce moment c’est l’hiver ! » Dès notre sortie de l’avion à l’aéroport d’Hanoï, ses paroles ont raisonné… Des 35 degrés que nous venions de quitter 2h auparavant, nous passions à 22 degrés ! Ca va me direz-vous comparés aux températures actuelles en France, et bien je vous assure qu’après 3 mois nous ne sommes déjà plus trop habitués 😉 Au-delà de cette différence de température, c’est surtout cette sorte de bruine très fine qui nous enveloppe et nous glace.

 

J’ai lu qu’il était très facile de se repérer dans Hanoi. Si on prend pour centre le lac Hoan Kiem ; tout apparaît clairement dit-on !

Au nord du lac, c’est l’ancienne ville chinoise avec un enchevêtrement de rues, c’est le quartier commerçant et routard à la fois, c’est par là que nous venons de commencer et où nous dormons. Au sud du lac et à l’est, c’est l’ancienne ville coloniale française, aujourd’hui quartier des ambassades, et à l’ouest, cela ressemble à un village français aux saveurs d’Asie. Si on va plus à l’ouest, c’est là où sont concentrés la plupart des sites à visiter, nous nous y rendrons très certainement demain.

Aujourd’hui, nous nous concentrons sur le secteur du lac Hoan Kiem où nous voulons aller voir le temple Montagne de Jade et plus au sud le musée des femmes Vietnamiennes.

Nous déambulons un long moment dans ce vieux Hanoï avant d’arriver au lac Hoàn Kiem, considéré comme le cœur du vieux Hanoï. Il y a une légende attachée à ce lac. La voici ; on dit qu’un pauvre pêcheur s’était vu confier par la tortue sacrée du lac une épée magique pour défendre le royaume contre les envahisseurs Ming. Ce pêcheur souleva alors le peuple vietnamien, remportant de nombreuses victoires et pendant longtemps l’épée fut très efficace car elle sut contenir les Chinois. Pourtant, un jour sur les bords du lac, alors que le souverain s’y promenait, la tortue vint récupérer l’épée magique, qu’elle ramena au fond. C’était d’après ce qu’on en dit une façon pour elle de signifier au souverain que tout à une fin, qu’il faut savoir rendre les choses et surtout avoir une attitude modeste, moins triomphaliste. Ce jour là le souverain se promenait au bord du lac en savourant ses succès militaires… ! Dommage pour lui.

Certains affirment que l’on peut toujours voir une tortue vivante dans le lac mais il faut savoir être impatient pour avoir la chance de l’apercevoir… Qu’ai-je pas dit !! « Maman, viens on reste là, on va peut-être la voir ! » … Sans façon.

Au loin, nous apercevons un adorable petit temple « C’est ton temple maman ?! Celui que tu veux encore voir ?!… » Oui je souligne bien le « encore » car il était plutôt prononcé par ma fille 😉 C’est bien celui-ci en effet, le temple Montagne de Jade. C’est un adorable petit temple qu’on atteint par un pont en bois tout rouge, qu’on appelle le « pont du Soleil-Levant ». Le décor me fait vraiment penser à la Chine, c’est assez surprenant.

 

« Papa, viens voir !! J’ai trouvé la tortue !! » En effet, elle est bien là. Dans un pavillon à l’intérieur, on peut y voir une grande carapace de tortue géante bien conservée. Je ne suis pas certaine Jonas que ce soit la tortue de la légende… Jonas insiste. Nous préférons laisser la magie de la légende opérer.

Dans une autre salle, Lily est captivée par un magnifique cheval laqué. Lily et les chevaux… Même à l’autre bout de la planète, elle reste passionnée. « J’aimerai trop en avoir un comme ça dans ma chambre ! » En bois ?… « Et bien oui, en attendant d’avoir un pré quand je serai grande ! » Elle n’abandonnera jamais ! Je souris et lui explique que ce cheval est un cheval de cérémonie, il est sur roues et peint en rouge, couleur de chance et de bonheur au Vietnam. « Si tu caresses doucement sa crinière, elle te donnera de la chance » dis-je à Lily. « C’est vrai ?! » C’est ce que dit la superstition ici en tout cas 😉

 

Nous finissons notre visite en se disant que l’extérieur de ce temple et sa légende sont bien plus touchants que la visite en elle-même, hormis la « tortue » de Jonas.

 

 

« On va où maintenant ? » demande Lily. Nous allons voir comment les femmes peuvent être importantes ! Une réponse qui lui plaît 😉 elle qui a tendance à défendre des idées affirmées sur ce sujet. Direction le musée des Femmes vietnamiennes. Mais pourquoi ce musée ?

De 1947 à 1954, Hanoï se retrouve au cœur des évènements sanglants entre l’armée française et les combattants vietminh, c’est la première guerre d’Indochine. La ville est pourtant épargnée car les affrontements se déroulent dans les montagnes et les vallées du Nord-Vietnam. Après la bataille de Dien Biên Phù en mai 1954, les troupes vietnamiennes entrent dans Hanoï « libérée » ; le calme et la paix ne sont que de courte durée, la seconde guerre d’Indochine est déjà là… Elle oppose le Nord-Vietnam communiste au Sud-Vietnam capitaliste et proaméricain. Hanoï n’est alors plus épargnée, elle est bombardée à plusieurs reprises par l’aviation US ; une partie de la population civile est alors évacuée à la campagne, les autres se réfugièrent dans les nombreux abris souterrains de la ville.

Comme au Cambodge avec le régime khmer, on peut difficilement venir au Vietnam sans découvrir ce passé douloureux, rythmés de combats, de souffrances terribles et d’une renaissance inattendue. Mais nous ne sommes pas seuls, les enfants sont là ; et au même titre que notre refus de visiter le musée de guerre à Phnom Penh, nous refusons de nous rendre dans les souterrains, dans le musée d’Histoire militaire ou encore dans la prison de Hoa Lo.

Nous avons pensé avec Ludo que montrer aux enfants une vision de la guerre à travers la vie des mères, des épouses et des filles de soldats, sans oublier les soldates étaient une manière peut-être moins « sordide » d’aborder le terrible passé de ce pays. C’est aussi une façon de voir que la guerre n’est pas exclusivement une affaire d’hommes, ici ou ailleurs.

A l’intérieur, 4 étages qui traitent de la place de la femme en tant qu’épouse, en tant que mère, en tant qu’artiste et pendant la guerre. C’est cet étage qui nous a le plus marqué. Rencontrer ces femmes à travers des photos, leurs objets, des témoignages est vraiment troublant, c’est un très bel hommage qu’on leurs rend ici, à toutes celles qui ont combattu l’ennemi aussi courageusement que les hommes. A travers le transport des armes, des vivres, la construction des routes, l’éducation des enfants dans les souterrains, voire le combat pur et dur pour certaines, on ne peut pas rester insensible devant tous ces visages.

 

« C’était vraiment un beau témoignage » me dit Ludo en sortant « mais j’ai préféré seulement l’étage consacré à la guerre, c’est le plus intriguant ici ». Je le rejoins. Nous apprenons beaucoup de choses sur les autres étages mais ce n’étaient pas forcément ce que nous étions venus chercher dans ce musée. Nous sommes d’accord, la visite du 3ème étage en vaut la peine !

 

« Il y a le Mékong ici aussi ? » me demande Jonas. C’est vrai que notre voyage tourne depuis notre arrivée au Cambodge beaucoup autour de ce fleuve si captivant, mais ici non, pas de Mékong. Néanmoins, il faut savoir que Hanoï se traduit ici par « la ville au-dessus du fleuve ». La capitale du Vietnam s’étend en effet sur la rive du fleuve Rouge venu des montagnes chinoises du Yunnan. « Il est vraiment rouge le fleuve maman ?! » Je ne sais pas… Allons voir !

« Ah non maman pas à pied !! » me supplie Lily quand elle voit où se situe le pont Long Biên sur la carte. C’est pourtant de ce pont que l’on peut avoir une très belle vue sur le fleuve Rouge et sur Hanoï d’après le ‘Routard’. Le pont est accessible aux deux-roues, aux piétons et aux trains, j’ai lu qu’on pouvait aussi découvrir le pont à pied, rien ne l’interdit.

Il faut savoir qu’après la conquête de la ville par l’armée coloniale française, la ville d’Hanoï n’a plus rien à voir avec la légendaire capitale d’avant ; en 1884, la France établit un protectorat sur le Tonkin, région qui correspondant à l’actuel nord du Vietnam, comme il fallait apporter une contribution aux destructions du passé, les français achèvent la démolition de la citadelle – autant faire table rase du passé… – , ils rasent la plus ancienne pagode de Hanoï pour permettre la construction d’une cathédrale – au cas où la démolition de la citadelle ne soit pas suffisante… – et tracent une nouvelle ville avec de larges avenues bordées de bâtiments haussmanniens, une ville française en Asie est née ! Rappelez-vous Ho Chi Minh, on reproduit une nouvelle fois notre « label » … ! En 1902, le pont Doumer – du nom du gouverneur générale de l’Indochine de l’époque- est alors construit sur le fleuve rouge sous la direction de Gustave Eiffel. Long de 1 682 m, ce fut l’unique pont à ce moment-là qui permettait de traverser le fleuve Rouge.

La journée a déjà été pas mal chargée côté marche, nous décidons donc de nous faire monter jusqu’au pont en taxi. « Il s’arrête là ?! » demandais-je à Ludo assez sceptique. Le chauffeur nous montre le pont au-dessus de nos têtes. « Long Biên Bridge ! » ajoute-t-il ; il faut croire que oui. Nous descendons. Nous sommes alors sur une des grandes artères qui contourne le vieux Hanoï, en gros le périphérique lyonnais ; et rappelez-vous la circulation ici en Asie et d’autant plus dans une capitale…

Toujours la même technique : on reste groupé en tenant les enfants contre nous – parfois nous portons Jonas aussi – et on avance ensemble, Ludo lève le bras – psychologique ou pas, on se dit qu’ils nous verront mieux 😊- et c’est parti, on traverse !

1682 m, une bonne heure aller-retour, on ne fera que la moitié de l’aller ! Le trottoir est minuscule et la circulation impressionnante, ininterrompue ! Parfois la route laisse un peu de place à quelques marchands ambulants, certains y font une pause. Je ne m’y sens pas particulièrement rassurée avec tous ces scooters et Jonas qui courent devant. On marche jusqu’au fleuve tout de même, on veut voir s’il est bien rouge !

 

« Et bien non tu vois… Il n’est pas rouge ce fleuve, alors pourquoi on l’a appelé comme ça  ?! » En cherchant un peu sur internet, j’apprends que ce fleuve tient son nom des alluvions qui lui donne parfois sa couleur brun-rougeâtre, ce n’est pas le cas aujourd’hui.

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Nous faisons demi-tour, « on rentre maintenant !! » disent Lily et Jonas en cœur. Il est temps, nous avons tous besoin de repos.

« Oh regardez ! La route en céramique ! » Lily se tourne vers moi l’air de dire – maman veut encore nous emmener visiter un truc… – « Regardez là en-dessous ! » répétais-je. Le long de la grande artère que nous venons de traverser, s’étend cette frise gigantesque de tesselles en céramique. Ce sont des artistes vietnamiens aidés d’artistes étrangers qui l’ont réalisé, à l’initiative une journaliste et artiste vietnamienne admiratrice de Gaudi. Sur près de 4 km cette œuvre retrace des motifs liés à la mythologie, à l’histoire du Vietnam ou à la vie de pays étrangers. « Regarde comme c’est beau ! » me dit Jonas, « Ils ont dû passer beaucoup de temps pour faire tout ça ! »  Lily plus terre à terre, « Ne me dîtes pas qu’on va regarder les 4 kms ?! » … Nous rentrons. Sur le chemin du retour, toujours la même question « On mange où ce soir… ? »

 

« Tchit cho » = viande de chien… Depuis que je sais que des restaurants sur Hanoï servent cette spécialité tonkinoise, j’avoue que mon penchant végétarien est plus que prononcé 😉 Lily et Jonas quant à eux ne jurent que par les œufs ici !! « Mais au plat papa !! Pas avec des poussins dedans comme au Cambodge ! » Ludo, quant à lui, même pas peur… « Je vais me chercher quelque chose à manger dehors dit-il. Ce soir et les soirs suivants, nous opterons nous avec les enfants pour un repas plus « sûr » à l’hôtel, d’autant que notre journée a été suffisamment remplie et nous avons envie de « rentrer à la maison ! » comme dit Jonas.

Petite minute gastronomie 😊

Plutôt bon marché, il faut compter environ 100 000 Dg le plat, la viande de chien est considérée par les Vietnamiens comme une viande qui a du mordant, elle est préparée sous forme de soupe, grillée, en ragoût ou en saucisse. Le repas est servi avec un petit verre d’alcool de riz mélangé avec du sang ou de la bile. Ce breuvage est censé tonifier ! Le chien ne se consomme traditionnellement que par les hommes, de préférence à la fin du mois lunaire ; il paraît que cela donne de la chance pour le mois à venir… Avis aux amateurs 😉

 

Vendredi 8 décembre

Ce matin, nous partons pour une promenade romantique ! Direction le lac de l’Ouest, qu’on appelle aussi le « lac des amoureux ». Au nord-ouest de la ville, c’est le plus grand lac du Vietnam, près de 12 km ! « Pourquoi on l’appelle le lac des amoureux papa ? » demande Jonas, c’est parce qu’il y a pleins d’amoureux ? C’est presque cela Jonas 😉 Ce lac est l’un des lieux de promenade favoris des jeunes Hanoïens.

En arrivant au lac, nous sommes vraiment surpris par sa taille. « On va devoir faire le tour à pied !! » demande Lily inquiète. J’ai envie de la faire râler un peu ce matin… Nous ne l’avons pas encore trop entendu, c’est anormal 😊 « Oui Lily ! Il paraît que ses berges sont très jolies ! » Et là… « Non mais tu plaisantes maman ?! » Je vois bien qu’elle hésite et qu’elle ne sait pas si je dis vrai ! Avec Ludo nous éclatons de rire.

 

Nous sommes aussi venus jusqu’ici pour la pagode Tran Quoc, c’est la plus ancienne de la capitale et la plus typique du Nord-Vietnam. Elle fait l’objet d’une énorme vénération populaire. Dans la première cour, des stèles en chinois, une montagne symbolique avec des bonzaïs, une grande tour en brique avec des statuts de bouddhas dans des niches, les lieux sont sereins et attachants. Mais c’est la salle principale qui m’a le plus touchée. Au loin j’entends des prières, un gong et des chants, j’avance et j’entre. Au fond, un moine, derrière lui des fidèles ; je m’assois. Je me sens comme envoutée par les lieux. Mon coup de cœur mystique de la semaine.

 

 

Nous décidons de redescendre jusqu’au vieux Hanoï en passant par le mausolée de Ho Chi Minh.

C’est sur cette grande esplanade que fut proclamée l’indépendance du pays le 2 septembre 1945, et c’est donc ici que repose le père fondateur du Vietnam indépendant malgré son vœu. En effet, Ho Chi Minh voulait après sa mort que ses cendres soient placées dans trois urnes funéraires et enterrées au sommet de trois collines : au nord, au centre et au sud du Vietnam pour symboliser la réunification des trois grandes régions de son pays. Le parti en a décidé autrement, ils ont préféré embaumer sa dépouille qui repose maintenant dans ce mausolée… Quel joli respect…

 

« On peut aller le voir !! » demandent les enfants. Des gardes barrent l’entrée du mausolée, il a l’air fermé, c’est peut-être une fête spéciale ou une cérémonie. Nous apprendrons plus tard que le mausolée est fermé en octobre et en novembre pour que les embaumeurs puissent traiter le corps. « Sympa…» me dit Ludo.

« Mais elle est sous cette pagode ? » Sans même s’en rendre compte nous passons à côté de la pagode du Pilier unique, l’emblème de la ville dit-on. Entre le musée et le mausolée d’Ho Chi Minh se dresse un joli pagodon au milieu d’un bassin. Il y a une légende qui raconte pourquoi il aurait été édifié. Encore une légende me direz-vous ! Oui, on dit qu’il y a très longtemps un roi l’a construit pour remercier une déesse. Ce roi n’avait pas d’héritier mâle, un jour il vit en rêve la déesse assise sur un lotus qui lui tendait un petit garçon. Le roi épousa alors une belle paysanne rencontrée dans son jardin et eut l’héritier désiré. Le pagodon, construit sur un pilier, devait évoquer un lotus.

C’est dans ce petit coin romantique et plein de charme que nous nous posons un moment pour recharger nos batteries, pardon nos jambes 😉

 

 

« Et si on se faisait un apéritif dans la chambre ce soir ? »  – Oui je sais on pense souvent à manger 😊 – Et avec quoi ? me demande Ludo. « Du fromage !! » supplie Lily. Le fromage commence vraiment à manquer pour être honnête. Lily en rêve même certaine nuit – raclette, fondue savoyarde, tartiflette… – tout y passe ! Nous avons vu dans le ‘Routard’ qu’il y avait une fromagerie et charcuterie française sur Hanoï ; nous décidons de nous y faire déposer pour assouvir quelques-unes de nos envies gourmandes.

« Un Grab ou un taxi ? » Pas de Grab, alors un taxi ! C’est l’appel du fromage et du saucisson qui parle 😊 Notre euphorie est de courte durée. Nous vivons alors notre pire épisode de taxi depuis le début de notre aventure…

Nous arrêtons un taxi vers la sortie du mausolée d’Ho Chi Min, jusque là rien d’anormal. Nous montons, Ludo montre l’adresse de l’épicerie française au chauffeur, il acquiesce, il a l’air d’avoir compris où nous allions. Parfait ! Avec les enfants à l’arrière, nous échangeons tranquillement sur notre journée quant tout à coup, j’entends Ludo « What this price ?!!! What do you do with your taxi-meter ??! » Le chauffeur s’énerve aussi. Il continue à rouler. Ludo lui demande de s’arrêter, il n’en fait rien, Ludo lui ordonne alors d’arrêter la voiture. Nous ne comprenons pas vraiment ce qui se passe derrière avec les enfants et je préfère sortir de la voiture avec eux. Une fois dehors, nous nous éloignons tous les trois de la voiture et je vois Ludo sortir très en colère, survolté même. « Paid me !! » lui crie le chauffeur. « No !! you are cheating ! » Ludo refuse de payer le peu de chemin que nous venons de faire avec lui en lui montrant son compteur. Je commence à comprendre… Le compteur du taxi est trafiqué… Le chauffeur s’énerve et sort un couteau. Ludo continue furieux à lui dire que c’est un voleur. Nous préférons partir.

L’épisode a sonné tout le monde, les enfants sont perdus, ils ne comprennent pas ce qu’il s’est passé. Ludo nous explique alors qu’il s’est rendu compte sur le trajet que le compteur avait fait un bon de 100 000 Dg d’un seul coup, nous expliquons aux enfants que certains chauffeurs de taxi trichent et volent des clients comme cela. « On ne prend plus de taxi gris ! » dit Jonas, « c’est des tricheurs ! » Il nous faut maintenant expliquer à Jonas que tous ne trichent pas…

« Delice french restaurant » est encore un peu loin, que fait-on ? On y va, on rentre ? Un apéritif aux odeurs françaises fera du bien à tout le monde. Encore un peu secoué par l’épisode taxi, nous préférons marcher un peu avant de choisir un Grab pour nous y emmener.

Un peu de comté, un bon saucisson et une bouteille de vin rouge local avec une bonne baguette, voilà le remontant pour finir une journée sur une note positive 😊

 

 

Samedi 9 décembre 

« C’est quoi maman le programme de la journée… ? » Cela faisait longtemps ! Devinez qui me pose cette douce question matinale… Non ! … Pas Jonas 😉

Ce matin, nous restons au calme dans notre chambre, le temps de plier nos sacs et de se reposer. Nous quittons Hanoï ce soir pour la montagne. A l’origine, nous voulions visiter le bout du monde vietnamien, cette région à l’extrême nord-est du Vietnam frontalière de la Chine, la province d’Hà Giang. On dit que c’est la région la plus belle et la plus sauvage et aussi la plus mal connue. Une région oubliée du reste du monde mais aussi des transports… Elle reste difficile d’accès, de longues heures sur les routes et avec les enfants nous préférons ne pas s’y tenter.

Nous n’abandonnons tout de même pas notre envie de montagne vietnamienne et nous nous tournons alors vers le nord-ouest et la province de Lao Cai. Sapa n’est peut-être pas le moins touristique, un voyageur m’avait confié au Cambodge que Lao Cai était plus authentique mais nous sommes en basse saison, alors pourquoi pas ?

Sapa est un site exceptionnel, une petite cité perchée au cœur des montagnes et des rizières en terrasse. A notre arrivée à l’hôtel, nous en avions parlé avec le gérant qui nous a proposé un trek sur Sapa. 1 jour ? 2 jours ? Homestay ? Hôtel ? Nous réfléchissons un moment avant de prendre une décision car se lancer sur un trek avec les enfants peut vite tourner au cauchemar. En même temps, nous remarquons que les enfants marchent beaucoup plus qu’au début du voyage, ils ont fait de gros progrès de ce côté-là. Nous tranchons, 3 jours sur Sapa avec 2 jours de trek.

Nous partons donc ce soir avec un bus de nuit, départ 23h arrivée demain matin. Entre la nuit qui s’annonce mouvementée et le trek du lendemain, nous préférons jouer la carte « off » du matin tant que nous avons encore la chambre.

12h – Nous devons faire notre « check-out » de la chambre, nous confions nos sacs à la réception et nous décidons d’aller faire un tour au musée d’ethnographie plus à l’ouest de la ville.

« Mais on va y voir quoi dans ce musée ? » questionne Lily et « ça veut dire quoi ethnographie ? ».

Il faut savoir que le Vietnam compte 54 ethnies, certaines en voie de disparition. Ce musée d’ethnographie a pour ambition de mettre à l’honneur ces peuples répartis entre plaines, hauts plateaux et montagnes. Ici plusieurs bâtiments, celui au centre présente les objets usuels, les costumes, les instruments de musique, les peintures, rites et cérémonies. Ce n’est pas cet ensemble qui nous a le plus attiré, c’est plutôt l’exposition en plein air.

 

Dehors, on trouve une reconstitution de villages typiques sur un terrain de 3 ha qui entoure le musée. Ils ont reproduit ici des maisons originales de quelques une de ces ethnies.

« Regarde celle-ci !! » dit Jonas. C’était évident qu’il préfère cette maison. Face à nous, la maison commune de Bahnar avec son toit pointu qui s’élève à 19 m. Elle est tout simplement impressionnante. Pour y accéder, et c’est bien ce que Jonas préfère 😉, un escalier plutôt original.

 

 

La balade dans le parc est agréable, nous entrons dans quelques-unes de ces maisons et découvrons pour chacune des modes de vie parfois différents.

 

« Oh regarde papa un spectacle !! » … Ludo ne semble pas vraiment enjoué… « On dirait qu’il va juste commencer en plus ! » disent les enfants. Il s’agit d’un traditionnel spectacle de marionnettes sur l’eau.

Cet art vieux de plusieurs siècles est issu du monde paysan ; le spectacle met en scène la vie quotidienne des paysans ou des légendes et des traditions mêlant dieux, génies et animaux traditionnels. Le décor est sur l’eau et le spectacle se joue sur l’eau. C’est magique ! De magnifiques marionnettes sont maniées avec une adresse surprenante. En fond, les voix et la musique sont jouées par de remarquables artistes dans une petite maisonnette à côté de la scène, le spectacle en vaut la peine.

Quand je vois la tête de Ludo à l’entrée, je me dis qu’il n’est pas enchanté… « 600 000 !! It’s more expansive ! » répond-il à la dame au guichet. Aïe… Le spectacle s’éloigne… Mais à la vue de nos mines, il craque 😉 J’avais pourtant lu dans le guide du routard que ce spectacle était gratuit dans l’enceinte du musée, il n’en est rien… La place est à 150 000 Dg par personne, environ 8$.

 

Ludo sourit et applaudit… Nous sommes unanimes, ce spectacle traditionnel en vaut la peine, nous avons profité d’un délicieux moment . qui se poursuit même pour les enfants… Une dame leur propose d’aller essayer les marionnettes avec un artiste « Trop bien !! » crie Jonas. Ils ne se font pas prier.

 

 

La fin d’après-midi approche, nous n’avons rendez-vous à l’hôtel qu’à 21h pour notre « pick up », nous décidons de rejoindre le centre du vieux Hanoï pour profiter du quartier une dernière fois. Nous n’avions pas encore vu le lac Hoan Kiem illuminé le soir et le spectacle en vaut la peine ! Quand nous arrivons, les rues autour de ce secteur sont barrées à la circulation, piétonnes elles sont encore plus fascinantes ! Touristes, vietnamiens, promeneurs, artistes, commerçants, tous se mêlent dans une joyeuse animation. Une partie de la rue est même transformée en piste de kart et de over-board pour les enfants, il n’y a pas que les enfants d’ailleurs qui s’y tente.

« On peut en faire papa ?! S’il te plaît… Ca à l’air trop bien !! » Ludo acquiesce, si je ne le connaissais pas autant je pourrais dire qu’il aimerait lui aussi y monter ! Après des débuts un peu chaotiques, Jonas se lance et ne veut plus en descendre. Lily est plus longue à accrocher mais finit par nous dire « C’est trop cool !! »

 

 

Le lac est comme en « tenue de soirée » avec toutes ces lumières qui l’embellissent et c’est de l’Avalon Café, ce bar-restaurant en hauteur que nous prendrons le mieux l’ampleur du spectacle. Majestueux ! dirait même Jonas 😊

 

 

Nous apprendrons par la suite que c’est ainsi tous les week end ; le vendredi et samedi soir, les rues du vieux Hanoï sont aux piétons ! Excellent.

Il est maintenant l’heure pour nous de partir à la montagne ! L’heure du bus approche et nous devons repasser à l’hôtel chercher nos sacs. « Vous avez vos bonnets ? » demandais-je aux enfants en rigolant. « C’est pour rire !! »  Peut-être aurions-nous dû regarder la météo avant…

 

Où dormir ?

  • Hanoi Hostel Life, N° 5A, Thanh Ha, Dong Xuan, Hoan Kiem Tel (+84) 4 6686 7739

Email : hanoihostellife.booking@gmail.com Website : www.hanoihostellife.com

Les points positifs : accueil permanent de jour comme de nuit, café-thé et fruits frais gratuits toute la journée, bon petit déjeuner.

Les points négatifs : marché viande et poisson en bas de la rue donc très bruyant dès 6h du matin, lit pas très confortable (de toute façon ce n’étaient pas des matelas dit Ludo !), sdb pas top.

 

Où manger ?

  • The porch, n°4 Ma may Hang Buom, Hoan Kiem, Hanoï

https://www.tripadvisor.fr/Attraction_Review-g293924-d12907096-Reviews-The_Porch-Hanoi.html

Bar-restaurant, tombé dessus par hasard le premier soir, très accueillant, bon burger et délicieuse noodle soup, au cœur des rues animées du vieux quartier d’Hanoi. Le bar fait aussi soirée spectacle.

 

  • Avalon Café, 73 Cau Go, Hoan Kiem, Hanoï

https://www.tripadvisor.fr/Restaurant_Review-g293924-d2146154-Reviews-Avalon_Cafe_Lounge-Hanoi.html

Très bonne adresse pour une vue sur le lac Hoa Kiem et le quartier à la tombée de la nuit surtout, accueil haut de gamme, prestations haut de gamme donc prix haut de gamme. Nous n’y avons fait qu’un apéritif avec teppan yaki au milieu de la table.

 

  • Baguette et chocolat, musée d’ethnographie Hanoï

https://www.tripadvisor.fr/Restaurant_Review-g293924-d2193773-Reviews-Baguette_Chocolat-Hanoi.html

Restaurant d’école hôtelière dans le parc du musée d’ethnographie à Hanoï, des tartes au chocolat à déguster ou à emporter trop bonnes dit Lily (je confirme !), western and local food appétissante, un vrai coup de cœur pour le Bo Bun, un régal 😊

 

  • Au délice French Restaurant, 2B Ngo Thi Nham, Hoan Kiem, Hanoï

https://www.facebook.com/nhahangPhap.AuDelice/

Charcuterie et fromagerie française à Hanoï, une bonne adresse pour retrouver quelques saveurs françaises, pour un pic nique ou juste par gourmandise 😉 Accueil très agréable. Il y a aussi un restaurant sur place très haut de gamme.

 

  • Street food dans le vieux Hanoï, quartier 36 corporations.

Compliquée avec des enfants, cuisine très variée mais la communication reste complexe avec les serveurs, du coup on ne sait pas réellement ce qu’on commande, même le google traduction ne fonctionne pas car on est souvent face à une population ancienne qui ne sait pas forcément lire. La street food convient tout à fait si on est ouvert à manger ce qu’on nous sert, et à se régaler des soupes vietnamiennes (pho) pour une poignée de dongs.

 

 

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