Sapa, une belle promesse.

Dimanche 10 décembre

4h du matin – Le bus s’arrête enfin, welcome Sapa ! Nous espérons secrètement avec Ludo que le chauffeur ne va pas nous faire descendre du bus maintenant… Les enfants dorment profondément. Le chauffeur ouvre la porte pour sortir, je sens le froid qui me glace… Non pas maintenant !! La porte du bus se referme et silence. Ouf ! Nous gagnons quelques heures de plus de sommeil, quelques heures qui ne sont pas négligeables vue la nuit que nous venons de passer dans ce sleeping bus.

Partis hier d’Hanoï à 23h30, les enfants n’ont pas tardé à s’endormir tellement ils étaient fatigués, il faut dire que nos 3 jours sur Hanoï n’ont pas été de tout repos. C’est ça aussi l’avantage d’être un enfant, pouvoir s’endormir aussi facilement et n’importe où 😊

Pour rejoindre Sapa de Hanoï, c’est 350 km et fort heureusement pas que de la route de montagne ! Sapa c’est une petite cité perchée à 1650 m au nord-est du Vietnam ; ici jusqu’en 1986 on y cultivait du pavot, des champs de pavot qui ont été remplacé par une multitude de rizières en terrasses aujourd’hui. La région ne vit pas que du riz, l’affluence touristique a pris beaucoup de poids de ce côté ci du Vietnam. Un voyageur rencontré au Cambodge m’avait confié préférer Lào Cai à Sapa, il disait que la première était justement moins « mangée » par le tourisme. Nous allons bien voir…

6h – « Good Morning !! It’s time ! » crie le chauffeur dans le bus. Nous n’avons plus le choix, il faut descendre. Quand je vois les autres mines autour de moi, je souris, on se rattrapera ce soir me dis-je – mais ça, c’était avant de voir l’hôtel – …

« On se croirait vraiment à la montagne » me dit Lily en descendant du bus. Tout y est… Le froid, le brouillard, les bonnets et les gants ! « Il ne manque que la neige… » ajoute-t-elle. Les environs de Sapa sont habités par des minorités ethniques. Je suis d’ailleurs très surprise à la gare routière par ces visages de femmes et d’enfants, ils me font plus penser à des népalais ou des tibétains que des vietnamiens.

 

« Tu connais le nom de l’hôtel toi… ? » je demande à Ludo ; apparemment non… Nous avons réservé ce trek de 3 jours avec le gérant de notre hébergement sur Hanoï et à aucun moment nous avons pensé lui demander où nous dormions 😊 « Tu crois que quelqu’un va venir nous chercher ? » demandais-je à Ludo. Nous attendons…

  • Sapa – Trek de 3 jours avec hébergement 2 nuits à Sapa Backpackers Hostel en pension complète – 75$ par personne.

« Ludovic… » me demande un jeune homme. Je souris. Nous le suivons. Un taxi nous amène jusqu’à l’hôtel. Quand je vois le temps dehors, je me dis que nous ne sommes vraiment pas équipés pour ça… « Heureusement qu’on n’a pas renvoyé les doudounes à mamie !! » me dit Jonas, il gèle. « Nous allons nous réchauffer à l’hôtel » dis je aux enfants. J’y croyais…

A notre arrivée, la gérante nous propose de monter au restaurant pour prendre le petit déjeuner, le trek ne démarre qu’à 9h. « Nous allons nous réchauffer au restaurant, c’est bien aussi le restaurant ! » je rassure les enfants et moi-même aussi comme je peux 😉 J’y croyais encore…

A l’étage le restaurant ; je regarde Ludo et là je ne souris plus… Le restaurant n’est pas isolé, l’hôtel est en fait un hôtel type hôtel container ; ni la salle commune, ni le restaurant ne sont fermés et chauffés… J’avoue qu’à ce moment-là, ma positivité en prend un coup… A grand renfort de couvertures, de doudounes et de foulards en tout genre, nous patientons…

 

« Good morning !! » Deux canadiennes nous rejoignent dans cette « chambre froide »… L’une d’elle arrive de deux mois passés au Népal alors le froid de ce matin ne la perturbe pas autant que nous ! « C’est comment le Népal ? » lui demande Lily. Gentiment, elle sort son ordinateur et propose à Lily de lui montrer quelques photos. « C’est trop beau maman le Népal !! » J’imagine bien… « Maybe later ! » 😉 Elle nous explique que le plus difficile au Népal c’est le froid, surtout la nuit, elle nous confie ne pas avoir été suffisamment préparé et c’est une canadienne ! Alors le Népal attendra un peu !

9h – « It’s time to go ! »  Nous rejoignons notre guide en bas. « Nice to meet you, i’m Pham ! » Pham est originaire de Lao Chai, un village plus au sud d’une minorité H’mong, Pham a 25 ans, elle est maman d’un petit garçon de 3 ans, Pham est une jeune fille très gentille au premier contact. Lily ne la quittera pas de la journée, Lily a trouvé une grande sœur 😊

 

Nous descendons aujourd’hui jusqu’au village de Cat Cat, c’est une minorité H’mong qui y vit aussi, les habitants de ce village sont spécialisés dans le tissage du lin qu’il teinte en indigo, cela ressemble un peu à du denim.

 

Pham nous conduit dans une maison un peu à l’écart pour nous montrer la technique du tissage et l’un des habitats traditionnels d’ici. Nous descendons ensuite un peu plus bas dans le village, vers la rivière Muong Hoa. Ici plus encore nous ressentons le poids du tourisme dans le village, rien ne paraît authentique, tout est là pour « nous », pour le folklore, quel dommage… A côté des chutes d’eau se trouve toujours une usine hydroélectrique construite sous les Français, Pham nous explique qu’elle n’est plus en activité, ils l’ont reconverti en salle de spectacle.

 

 

 

 

Il est temps pour nous de rentrer, nous prenons le chemin du retour ; ce village était si pauvre quand j’y repense. C’est le regard de ces enfants qui étaient le plus poignant ; certains trop jeunes pour marchander des produits artisanaux au bord d’une route, certaines trop jeunes pour être mère – je croyais naïvement qu’elles ne faisaient que porter et s’occuper de leurs jeunes frères ou sœurs – il n’en est rien, et ces mères aux visages usés et marqués par une fatigue qui en dit long.

 

Au loin, je regarde Pham avec Lily et je suis contente que nous l’ayons eu comme guide aujourd’hui, elle nous a apporté sa douceur et sa gentillesse dans cette dureté qui nous entoure, Pham notre petit rayon de soleil. « On peut rester avec Pham demain ? » supplie Lily 😊 Le gérant de l’hôtel accepte, « oui !!! » Nous sommes tous contents de la retrouver le lendemain.

« On va pouvoir se réchauffer dans la chambre tu crois papa ? » Comment vous dire qu’à la minute où nous passons la porte de la chambre, la température avoisine les 8 degrés… Dans un coin, un chauffage d’appoint, la nuit promet…

Lundi 11 décembre

8h – « Enfilez vos doudounes, vos bonnets, prenez les couvertures… On va déjeuner !! » La nuit n’a pas été trop mauvaise enroulés dans nos couvertures ! Dehors, le même temps, on ne voit rien à un mètre. Aujourd’hui nous partons pour une randonnée de 12 km, direction le village de Lao Chai.

« Maman, elle est où Pham ?! » me demande Lily. Le gérant m’explique qu’elle n’a pu venir ce matin, son petit garçon est malade. J’espère que ce n’est pas trop grave… « 12 km papa ?!! » Mais c’est trop ! Nous rassurons Lily et Jonas, ils sont capables de les faire.

Pour atteindre Lao Chai, il faut passer par des vallons, des rizières en terrasses, un bois, monter, descendre, re monter, re descendre, et tout ça sous la pluie et dans la boue… « Nous aurions dû prendre les bottes !! » dis-je à Ludo ; nos baskets sont remplies et couvertes de boue. Dès notre départ de Sapa, des femmes de la minorité des M’hongs nous ont accompagnées. L’une d’entre elles tend sa main à Lily, nous passons par des chemins boueux et très glissants, Lily attrape sa main et lui sourit.

Première pause, la dame qui aide Lily improvise un atelier créatif 😉 Lily et Jonas l’observe tisser une brindille. « Un cheval ! Regarde papa ce qu’elle a réussi à faire avec un morceau d’herbe ! » Une branche d’herbe, un sourire et un bisou ; un petit bonheur au milieu de nulle part.

Nous repartons, nouveau vallon, nouvelles rizières et quelques habitations. Comment peut-on vivre ici… ? On n’y vit pas… On survit me dis-je. Toujours autant de boue, nos pantalons sont maintenant eux aussi marron de boue, Lily a glissé, plus de peur que de mal ; le plus difficile c’est le froid maintenant. « Papa, c’est quand qu’on s’arrête manger ? » Ah… On avait oublié la faim aussi 😉

« Bientôt… » Ludo répond sans grande certitude. Les conditions climatiques ne sont pas idéales, pourtant les paysages autour de nous sont tout simplement splendides. Quelle merveille doit être cet endroit aux beaux jours…

 

 

« Is it ok for you ? » nous demande la guide. « Maman demande lui quand c’est qu’on mange ! » Les estomacs commencent à crier famine… « Juste in 10 minutes » Le village de Lao Chai est juste après le pont explique-t-on aux enfants.

 

Ce village vit essentiellement de la culture du riz. De février à août, on prépare les rizières et en septembre a lieu la récolte. On dit qu’ici la population y est très accueillante même si cette chaleur est surtout motivée par l’appât du gain, légitime me direz-vous, oui quand on voit les conditions de vie ici, je considère normal d’être sollicitée pour l’achat de quelques produits artisanaux ; ces vendeuses ne peuvent en effet que compter sur ces touristes de passage pour assurer leur subsistance.

 

Pourtant à notre table à midi, nous avons eu un sentiment de « trop », à peine assis dans le restaurant, une horde de femmes se jettent sur notre groupe ; sortant de leurs hottes, comme le ferait le Père Noël – oui c’est d’époque ! – des portefeuilles, des tissus, des bracelets, des boucles d’oreille, des sacs… Nous nous sentons obligés de leurs acheter quelque chose. « I help your children in the montain and you don’t buy me anything ! » Sur le moment, nous nous sentons mal à l’aise, gênée. Sur toutes les tables, la même scène, les vendeuses changent de table dès l’arrivée d’un nouveau groupe dans le restaurant. « Maman, achètes lui quelque chose, elle a été trop gentille ! » Nous jouons le « jeu touristique » même si au fond nous sommes d’accord avec Ludo, nous aurions préféré simplement donner un peu d’argent à certaines.

 

 

« Just 1 hour ! » Il ne reste plus qu’une heure de marche dit Lily à Jonas quand elle entend la guide nous expliquer la dernière partie de la journée. Dernière partie bien moins boueuse ! Nous rejoignons le dernier village où nous attend notre van par la route. En chemin, des enfants qui jouent dans les champs, des buffles et des rizières…

« Mais maman, on va salir tout le bus !! Regarde-nous ! » me dit Jonas inquiet. C’est vrai que nous sommes vraiment sales !

Ce soir au programme une bonne douche chaude et un repas – en doudoune – dans notre restaurant « igloo » 😊

 

Mardi 12 décembre

8h30 – Bien au chaud sous la couette, personne n’a envie d’en sortir ce matin… « Je reste là toute la journée ! Je ne bouge plus » nous dit Lily. Nous repartons cette après-midi pour Hanoï en bus et même avec la plus grande motivation possible, nous n’arriverons pas à faire bouger Lily et Jonas de la chambre ce matin. Nous votons donc à l’unanimité une matinée décongélation dans la chambre 😉 Un peu de lecture pour Jonas pendant que Lily écrit son prochain article, maman trie les photos et papa… « Il est où papa ?! » … Papa enlève la boue de nos chaussures !

Nous devons rendre la chambre à 12h, c’est toujours compliqué les journées de transfert, on n’a plus de chambre pour se poser, on doit attendre un transport, mais d’habitude on trouve toujours un coin pour s’asseoir et patienter, sauf qu’ici il gèle !!

« Et si on se faisait dorloter un peu, on l’a bien mérité non ?! » Dans la rue principale de Sapa, on trouve des petits salons de massage, bien au chaud 😊 C’est donc avec un doux massage des pieds que notre aventure se termine ici.

« On y reviendra » me souffle Ludo … « quand il fera meilleur ! »

Je lirai plus tard que le Vietnam compte en fait 54 minorités ethniques et que celles du nord sont originaires de Chine, de Birmanie et du Tibet ; je n’en étais pas loin quand je me suis imaginée au Népal le matin de notre arrivée à la gare routière 😉 Ce sont les minorités de la région de Sapa et du nord du Vietnam qui ont importé les rizières en terrasses, c’est leur génie. Ces minorités ont aussi une autre particularité : elles ne se battent jamais entre elles. Elles ont parfois bien évidemment des conflits d’intérêt mais jamais de conflits meurtriers, ni de guerres au fil de leur longue histoire. Ces minorités ne sont donc pas seulement attachante, elles sont aussi pacifiques, quel bel exemple ! Depuis notre arrivée au Vietnam, Sapa restera pour l’heure mon coup de cœur  – et ce n’est pas mon cerveau à moitié gelé qui parle – car cette région est une belle promesse.

On peut aussi chercher plus de dépaysement en partant plutôt vers Bac Ha ou Ha Giang, mais pas cette fois 😉

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Quand venir à Sapa ?

L’idéal c’est les mois de mai ou de septembre quand les rizières sont bien vertes, qu’il n’y a pas grand monde comme en juillet et août et qu’il ne fait pas trop chaud, ni trop froid comme de décembre à mars !

Où dormir à Sapa ?

  • Sapa Backpackers Hostel, 80 So Than, Sapa

L’hôtel est tout en haut de la ville, il doit jouir d’une très belle vue sur les montagnes (le brouillard ne nous permet pas de le confirmer), accueil agréable, hôtel containers donc chambre petite mais propre, bar-restaurant ouvert et froid, voire très froid à cette période ! Cuisine copieuse et très bonne.

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