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Et après…?

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Bip, nouveau message. « Non mais sérieusement vous êtes où ?! »

1 an, c’était il y a un an que nous posions nos sacs où plutôt devrais-je dire que nous reposions nos sacs ici en France et depuis je n’ai pas réussi à l’écrire cet article de « fin de voyage ». Trop d’émotions, manque d’envie, rejet : un peu de tout cela.

Comment écrire un article de retour quand tout en nous n’est que lutte, quand chaque matin on doit chercher une motivation, quand chaque parole qu’on entend n’est que mécontentement « c’est quoi ce temps, il ne fait pas assez chaud ! », « Où mais quelle chaleur aujourd’hui ! », « Mr le boulanger le pain manque de sel ! », « Cette file d’attente est bien trop longue, ils ont fini de raconter leur vie ! »…

Dès notre arrivée à l’aéroport en France, nous avons ressenti le malaise avec Ludo ; nous nous sommes regardés avec cet air de « viens on fait demi-tour, ce n’est pas ici ! »

C’était il y a 1 an.

Douze mois auparavant, nous tournions la clé de notre maison vendue, nous poussions la porte de ce box sur le port de Lyon avec notre vie dedans.

60m3 de cartons, de meubles, de vaisselles et nous en avions déjà fait du tri. Donner, vendre, garder (on ne sait jamais si nous revenons…) Mais pourquoi, pourquoi emballer ces assiettes ? Quand on regarde un carton d’assiette, c’est quand même flagrant le problème : des petites, des grandes, des plates, des creuses… Mais pourquoi ? A quoi bon ?  Encore plus aujourd’hui qu’hier cette société de consommation m’effraie, me fait rager. Des mois où nous avons vécu avec seulement 4 sacs et quand je me rappelle la réouverture de ce box à notre retour, de tous ces cartons là devant, je n’ai pas compris pourquoi nous avions encore autant conservé de choses. Nous nous sentions si léger avec nos sacs (bon ok j’avoue, certains jours les 25kgs pesaient tout de même 😉), 4 sacs, juste l’essentiel. 6 mois après notre retour, des montagnes de cartons peuplaient encore le garage « tu as besoin d’aide pour les cartons ? » m’a demandé un matin une amie en voyant le monticule. « En fait non, ils sont tout aussi bien là où ils sont… »

C’était il y a 2 ans. Nous décidions de quitter notre zone de confort pour vivre autre chose ailleurs.

« Vous êtes fous ! Mais qu’est-ce qui vous prend ?! » – « Vous êtes inconscient ! » – « En sacs à dos avec 2 enfants en plus ! Et s’ils sont malade ? Et si vous avez un accident ? Et l’école vous y pensez ? » – « Mais combien ça va vous coûter cette histoire ? C’est n’importe quoi ! » – « Et puis au retour vous n’aurez plus rien, plus de maison, plus d’argent, et puis vous n’aurez plus envie de revenir… »

Un conseil primordial à tout ceux qui ont l’idée de vivre cette aventure : « bouchez vous les oreilles et poursuivez votre rêve ! »

La seule chose de vraie dans ce joli laïus est à la fin : « vous n’aurez plus envie de revenir ».

Parce que OUI, je vous l’assure le retour est violent.

Je l’ai repoussé cet article, maintes fois. Le disque dur avec nos gigas de photos souvenir prend la poussière. Ecrire sur ce retour c’est réouvrir la « boîte de Pandore », c’est comme revivre notre « parenthèse de vie » avec la nostalgie de cet ailleurs ; cela demande du temps « oui mais un 1 an c’est quand même long » m’a lancé une copine un soir « nous voulons savoir comment se passe votre retour ? Et les enfants ? »

Peu comprenne cette vague qui vous submerge et vous entraîne sans cesse dans ce besoin de repartir aussitôt ; cette vague qui vous embrume le regard et vous emmène vers cet ailleurs.

« Alors fini les vacances ?! Faut y retourner maintenant ! » – « Retour à la réalité hein ! » – « Bon ben voilà, vous l’avez fait, c’est bien. Maintenant c’est la vraie vie, il faut y aller ! »

OUI, je vous l’assure le retour est violent.

Des phrases comme celles-ci nous en avons beaucoup entendus, beaucoup trop. Heureusement il y a nos « amis rencontre de voyage » qui vivent aussi cette réadaptation, ces amis avec qui nous pouvons partager, échanger sur ces émotions, ce décalage avec lequel nous devons apprendre à vivre, à revivre ici, se soutenir et rêver autour d’un verre à un nouveau départ.

Aujourd’hui après 1 an, 182h de méditation, 250h de yoga (merci Henri 😉), quelques centaines de bières et un retour quelque peu digéré, je suis un peu plus enclin à répondre :  mais de quelle réalité on parle ?  Celle qui dit : vivre sa vie un point c’est tout ou bien celle que l’on décide de créer avec ses choix aussi fous soient-ils  ? Parce que tout le monde a en tête ce « plus tard ». Plus tard nous y irons, plus tard nous prendrons du temps pour nous, plus tard ce sera plus facile, plus tard… Mais ce « plus tard » ne s’éloigne-t-il pas de jour en jour ?

C’était il y a 2 ans. Ce « plus tard » nous avions décidé que c’était « maintenant ».

9 mois, 4 sacs à dos, 2 enfants ; de l’Indonésie à la Birmanie, de l’Islande à l’Albanie ; un tsunami de rencontres, de partages, de larmes, de folie, de rires et de courage (bravo à Lily et à Jonas de nous avoir suivi avec cet enthousiasme et d’avoir osé aller à l’encontre de tout ce qu’une aventure pareille vous offre, bravo à mon mari pour sa patience, son sang-froid et cette « folie » qu’il nous a offert quand nous en avions besoin).

 

 

Et après ? Parce que c’est quand même bien cela l’idée de cet article 😉 Oui après, c’est comment ?

De nombreux « rêveurs courageux » le disent : après il faut du temps, du temps pour revenir. Oui revenir oui mais sans oublier les choses importantes que nos « vraies vies » ont tendance à avaler.

Ralentir, prendre du temps avec les siens, regarder le soleil se lever, se laisser éblouir par le ciel qui nous offre un jeu de lumières chaque soir, oser rêver les yeux dans le vague, savoir dire non pour se retrouver soi, s’asseoir en pleine nature, fermer les yeux et écouter, rire avec ses enfants d’une blague à toto…

 

Tout ceci c’est bien beau mais en réalité cela a donné quoi du côté de chez nous ?

Juillet 2018, seulement 15 jours après notre retour, nous étions chez le notaire pour signer l’achat d’une nouvelle maison dans notre village. Le toit c’était donc bon nous l’avions, ne restaient plus que le « détail » des travaux. Une grande citerne d’huile de coude, un gros godet de générosité, une brouette de patience, quelques pelles de « craquages » mais de fous rire aussi et voilà le toit c’est bon 😊

 

 

« On est vraiment obligé d’y retourner à l’école maman ? Et les chaussures c’est obligatoire aussi ? Mais c’est vraiment trop triste une classe maman ! Tu ne veux pas continuer à nous faire l’école comme avant dehors ? On apprend tellement mieux maman… »

Oui je vous l’assure, le retour est violent.

Même si les enfants ont cette capacité d’adaptation innée et tellement plus développée que la nôtre – pour faire clair c’est plus facile pour eux de retourner en classe que nous au job 😉- Jonas s’est rapidement aperçu que 6h assis dans une classe c’était « triste », que l’école de la vie offre tellement plus. Lily, quant à elle, la joie des retrouvailles avec les copines a apaisé l’émotion trop forte de la séparation. 

31 août 2018 – « Maman, c’est trop difficile, nous ne serons plus ensemble la journée. Je ne vous verra plus ! » Je regarde Lily, mes yeux humides me trahissent ; je comprends tout ce que Lily me dit, Ludo aussi. 1 an que nous partageons ce quotidien ensemble, 1 an que nous vivons à notre rythme, 1 an que nous redécouvrons nos enfants et nous même, 1 an 24h24h et là demain, demain ce sera… différent.

« Je sais Lily tout ce que tu ressens, oui demain et après seront différents, oui, mais nous ne voulons plus de cette « vraie vie d’avant », alors voilà Lily demain et après nous allons avancer tous les quatre ensemble sur ce nouveau chemin avec nos nouvelles ‘valeurs’ de vie. Parce que cette aventure ne s’arrête pas ici. »

01 septembre 2018 – C’est la rentrée.

 

 

Les mois passent et la « vraie vie » est parfois trop boulimique. Nous nous laissons entraîner dans cette spirale infernale du « dépêche-toi, ramasse tes affaires, tu as encore oublié d’appeler le technicien, non pas maintenant Jonas, le frigo est vide, c’est un peu tard là pour jouer ! » Mais aujourd’hui, et plus vite qu’auparavant, nous nous rendons compte que ce n’est pas le bon ‘rythme’ ; que nous passons à côté de « notre réalité » celle que nous avons choisi il y a 2 ans.

« Heureusement, Sheeper est là ! » comme le dit si bien Jonas. « En sauvage on dort papa ! En sauvage c’est mieux ! »

Sheeper c’est notre van qui nous a accompagné sur une partie de notre aventure pendant 3 mois. De l’Irlande à l’Albanie avec un croché par l’Islande, c’est avec lui que nous avons découvert cette liberté, cet essentiel à quatre, ces soirées au coin du feu, ces jours de pluie dans 3 m2, ces toasts grillés sur le gaz, ces kilomètres à chanter à tue-tête. « Sheeper il fait partie de la famille ! » ont très vite décrété Lily et Jonas. Ils avaient raison. Au fond, nous le savions aussi avec Ludo que ce serait notre « bouffée d’oxygène », cet ailleurs facile qui nous fait vibrer, qui nous fait vivre.

« Ça y est je suis près ! » Voilà Jonas avec son sac à dos. Juste l’essentiel :  2 caleçons, 3 tee-shirt, un pantalon et doudou. Lily suit avec sa bibliothèque 😉 Je charge les 4 duvets, Papa se met au volant et l’aventure recommence, le temps d’un week-end. Juste l’essentiel et nous. « Elle est bien notre maison sur roue maman ! »

 

 

Et après ? Et bien après, nous continuons à rêver. Rêver d’un prochain départ vers cet ailleurs, qui sait. Rêver de continuer à partager, à rencontrer, à aimer. Un grand merci à vous tous de nous avons suivi pendant ces 9 mois, merci de nous avoir écrit, soutenu, merci aux maîtresses de l’école de Lily et Jonas pour ces échanges et ce joli lien qu’elles ont su conserver, merci aux « rêveurs courageux » pour leurs bons conseils sur les blogs. Et puis j’ai envie de vous dire à très vite 😉