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Good Bye Cambodgia… (bilan et petits conseils)

Vendredi 25 novembre

Nous voici à l’aube de notre 3ème mois d’aventure en sacs à dos et ce matin, nous quittons le Cambodge avec un petit changement dans notre programme. Nous rejoignons le Vietnam et non le Laos comme nous l’avions envisagé au départ. Pourquoi ? Je vais vous conter une histoire, celle d’un pays noyé sous un terrible fléau qu’on appelle la corruption.

Nous avions effectivement prévu de passer au Laos par la frontière au nord du Cambodge mais nous n’avons finalement pas voulu nous y tenter avec les enfants : une parodie d’un mauvais film mafieux, non merci ! Et pourtant malgré tout, nous y aurons droit même au sud…

C’est avec Soda, notre guide francophone sur Kratie, que nous avons le plus échangé sur le sujet. Comment est-ce possible que le pays soit encore si pauvre avec la masse de tourisme qui afflue chaque année rien que sur les temples d’Angkor Soda ? lui avais-je demandé. Tout se passe là-haut m’avait-il répondu. Depuis que nous sommes arrivés, ce n’est pas une mais plusieurs scènes de « back chiche » auxquelles nous avons assisté sur Phnom Penh, les policiers arrêtent et raquettent les automobilistes pour un feu grillé, pour un stationnement gênant…

Aux frontières, c’est parfois compliqué si on refuse de payer avais-je lu sur des forums. Je me sens déconcertée de voir cela, j’avoue ne jamais avoir été confronté à cette pratique et je trouve cela tout juste ahurissant. Pour nous éviter de nous mettre dans une telle situation, nous avons préféré réserver un bus de Phnom Penh jusqu’à Ho Chi Minh Ville au Vietnam avec la compagne GiantIbis. Le passage du poste frontière de Moc Bai devrait se faire plus « proprement » avons nous pensé.

Notre sortie cambodgienne se solde par un premier épisode du mauvais film mafieux. L’officier au poste frontière réclame 5$ à Ludo. « Why ?? » Nous ne comprenons pas pourquoi nous devrions lui donner de l’argent ! Il montre à Ludo son passeport : l’officier à l’aéroport à son entrée au Cambodge a oublié de valider son visa d’entrée. Ce n’est pas valable, s’il veut pouvoir sortir il doit le lui tamponner maintenant, mais pour cela nous devons lui verser 5$. La colère monte. Nous n’avons pas le choix…

Mais cela ne s’arrête pas là… Quand nous remontons dans le bus, on nous réclame 2$ de plus par visa Vietnamien en plus des 28$ que nous avons réglé en ligne sur le site pour obtenir nos eVisa. C’est juste énorme ! On pourrait se dire « finalement ce n’est pas grande chose 13$… » ; pourtant nous le considérons comme un vol.

 

Mais bien heureusement le Cambodge ne se résume pas qu’à C comme Corruption. Le Cambodge c’est aussi :

C comme Crabe…. Ce délicieux crabe aux poivres verts que j’ai dégusté sur Kâmpôt. J’en garde encore l’eau à la bouche ! Kâmpôt est connu pour son poivre si raffiné, on aime Kâmpôt aussi pour son charme, comme si le temps s’était arrêté ici. On y a passe un vrai bon moment.

 

A comme Angkor Vat… Venir ici sans visiter les temples d’Angkor, ce n’est pas envisageable, un lever du soleil devant Angkor Vat est une image qui reste en mémoire toute une vie, on se sent transporté ! Après réflexion, Angkor et Siem Reap méritent au moins 4 jours. En prenant le pass 3 jours pour les temples, cela permet de prendre son temps pour flâner et se laisser bercer par la magie des lieux. Ludo garde un vrai coup de cœur pour le Ta Prohm, il a trouvé dans ce temple envahi par la végétation des contrastes, des couleurs et une ambiance qui l’ont touchées.

 

M comme (là on a hésité !) Mékong, Mariage, Musique… Le Mékong reste comme les temples d’Angkor, un inconditionnel en venant ici. Du Nord au Sud, de Phnom Penh à Kratie, on ne peut l’éviter ; il traverse le Cambodge, le nourrit, le berce de ses caprices. Assis et rester là à l’observer, observer la vie qui s’offre autour, reste un merveilleux souvenir ; on le pense calme, il n’en est rien, mes bras se souviennent encore de notre sortie en kayak sur Kratie 😉 Y naviguer de cette manière, de la façon la plus simple possible reste selon nous la meilleure façon de vivre le Mékong. Le Mékong en kayak, voilà un autre de nos coup de cœur ! M comme mariage aussi et musique… Mais comment vous expliquer que les mariages au Cambodge sont des spectacles à eux seuls ! En bord de route se construisent le journée des chapiteaux : tables, chaises, fleurs, enceintes, tout y est !! Les enceintes surtout… Au Cambodge, si les moyens ne permettent pas de louer une salle, c’est devant la maison de la futur mariée que le chapiteaux est construit, sur le trottoir ou sur la route, tant pis pour les voitures. Et si par le plus grand des hasards, vous avez réservé une chambre pas loin, foncez à la première pharmacie venue… Boule quiès conseillées :)) Jusqu’au petit matin, quelque soit le jour de la semaine, c’est une explosion sonore ! Voilà pourquoi M comme Mariage nous restera 😉

 

 

B comme Bus… Au Cambodge, pour se déplacer, c’est simple soit le bus (j’englobe aussi les mini vans), soit l’avion, rappelez vous aucune liaison de train dans le pays, les voies ferrées sont en réhabilitation. Question budget, notre choix s’est vite tourné vers le bus. Nous avons passé des heures interminables sur ces routes. Je vous ai déjà confié l’état des routes, pourtant en Indonésie, nous avions été pas mal échaudé déjà, mais là… Ce fut de grands moments ! Donc pour résumer, état des routes difficiles, conduite dangereuse et bus surchargé, voilà à quoi on doit s’attendre pour la circulation cambodgienne. Notre pire souvenir… le trajet Kratie-Sen Monorom à 22 personnes dans un bus de 13 places…!

 

O comme Orage… C’est notre clin d’œil à Soda 😉 A notre arrivée sur Kratie, il était tard, il faisait nuit et nous avons eu droit à notre premier vraie gros orage à la descente de notre bus. A peine avons nous décidé de filer jusqu’à notre hôtel à pied que Soda passait par là. Les rencontres comme celle-ci, par hasard ne sont pas que du hasard, on n’y croit ou pas ; moi je continue à penser que cet orage a été ce soir là à l’origine d’une magnifique rencontre. Et je ne peux finir ce dernier article sur le Cambodge sans laisser ses coordonnées. Soda n’est pas seulement qu’un très bon guide francophone, mais cela vous le savez si vous avez lu notre article sur Kratie 😉

 

D comme Dauphin… Les dauphins de l’Irrawadie bien sûr ! Armez vous de patience, d’un kayak et d’un bon appareil photo waterproof ! Kampie à 15km au nord de Kratie est l’endroit où vous devez vous rendre pour pouvoir assister au beau spectacle des rares dauphins qui peuplent cette partie du Mékong. J’allais oublié, il faut aussi de la rapidité !! Parce que réussir à photographier un de ces spécimens demande une certaine pratique 😉 Et comme dirait Jonas « On a déjà beaucoup de chance maman, on a réussi les voir et il y en a plus beaucoup tu te rends compte ! Peut être qu’ils vont même disparaître, c’est trop dommage… »

 

 

G comme Ganesh… Et là, nous repartons à Siem Reap avec le musée d’Angkor. Un musée, pas très fun penserez-vous ; pourtant celui-ci mérite le détour avant de découvrir les temples d’Angkor. Ne faites pas la même erreur que nous, prévoyez bien trois bonnes heures ; ce musée permet de mieux appréhender l’histoire khmer et celle des temples par la suite. Un peu long pour les enfants, nous y avons tout de même appris beaucoup de choses sur l’hindouisme, les dieux et leurs rôles, certaines légendes comme celle du barratage de la mer de lait issue de la mythologie. Le lendemain, devant la splendide fresque d’Angkor Vat, on se sent moins seul 😉 Alors le musée d’Angkor à Siem Reap, un peu « expensive » mais « vaut le coup » 🙂

 

 

E comme Eléphant… Et dans éléphant, je parle aussi de la merveilleuse région du Mondolkiri, ce territoire sauvage et reculé qui mérite qu’on y accorde du temps. Nous n’avons pu le faire et cela reste une petite déception. Des treks de plusieurs jours en forêt pour rencontrer la minorité des bunongs, aux chutes de Bou Sraa qui d’après une ‘source sûre’ sont à voir, en passant par ce merveilleux éco projet l’Elephant Valley Project, le Mondolkiri regorge de belles promesses. Il ne faut pas hésiter à y rester !

http://www.elephantvalleyproject.org/

 

2ème mois d’aventure, qu’en dit la « planification » maintenant ?

Contrairement à l’Indonésie, nous avons laissé moins de place à l’improvisation ici au Cambodge. Nous nous sommes tenus à notre circuit de départ, il n’y a pas eu de réels coups de cœur  comme l’Indonésie qui nous en a dévié. Aujourd’hui je pense que si nous avions commencé par le Mondolkiri cela aurait pû être le cas… peut-être 😉

Ludo continue à réserver nos chambres. Sur le Cambodge, toutes nos réservations se sont faites via Booking. Nous avions encore en tête quelques mauvaises aventures avec Trip Advisor sur les lits supplémentaires et Agoda n’avait que trop peu d’offres ici.

Côté gastronomie, et bien nourrir nos jeunes estomacs est plus facile, peut être que nous nous sommes plus adaptés aussi… Jonas s’est découvert une passion pour le fish and chips ou le « toast with eggs and rice », Lily c’était plutôt « fried chicken with french fries ». « Moins parfumée » c’est ce souvenir que nous en garderons Ludo et moi ; les plats ont le même nom mais pas la même saveur.

 

 

Pour se déplacer au Cambodge c’est moins long qu’en Indonésie, enfin tout est relatif… On peut très bien passer d’une deux fois deux voies bien goudronnées à rien… une piste. Imaginez moi sur mon scooter avec Lily… Le Cambodge c’est aussi l’écriture khmer… et quand c’est traduit on a de la chance ! Sinon, c’est téléphone à la main avec GPS mobile même en scooter. Comme nous le disions plus haut, pour voyager au Cambodge, on prend le bus ! Et là, plusieurs solutions pour les tickets : soit par internet avec un prix fixe, soit dans les agences et c’est négociable, soit chez les revendeurs et guestHouse et c’est plus aléatoires. Pour l’achat sur internet, voici deux liens avec lesquels nous avons fonctionné :

https://bookmebus.com/

https://www.camboticket.com/

Et les communications dans tout ça ? Nous avions décidé au cours de notre séjour en Indonésie d’acheter une carte sim 4G locale pour plus de facilité. En Indonésie, nous avions payé environ 5€ pour 7 Giga sur 1 mois. A notre arrivée à l’aéroport à Phnom Penh, nous avons décidé de prendre cette carte sim directement à l’aéroport 18$ pour 12 Giga et 1h de communication locale. Nous ne sommes pas convaincus que prendre cette carte à l’aéroport soit la meilleure idée.

« On apprend quoi maman aujourd’hui ?! » Parce qu’il s’agit aussi de continuer à apprendre 😉

 

Nous avions décidé de modifier notre rythme ; oui, oui, nous aussi nous changeons les rythmes scolaires :)) à 1h d’école tous les jours.

Nous sommes restés sur cette régularité, qui est bien meilleure pour Jonas ; tout en sachant que certains jours avec les transports et les excursions l’école se reporte au lendemain. Jonas manquaient de concentration mais depuis que nous avons évoqué le sujet en « conseil de famille » cela va beaucoup mieux. Avec Lily, le problème ne se pose pas, quand j’arrive le cahier est déjà prêt et elle a déjà commencé 🙂 !! Tout est question de concentration, et nous y travaillons ! Pour preuve, quelques photos :))

 

 

Pour finir, le budget…. Et oui, la banquière est toujours là !! Comment vous dire que notre premier repas, notre première chambre ou encore notre premier transport nous a fait mal… Dollars ou riels, peu importe, le Cambodge reste bien plus cher que l’Indonésie.

Nous sommes passés de repas à 4 à 8€ en Indonésie à près de 25€ ici. L’hébergement aussi était plus élevé, les transports idem. Parallèlement à cela, nous avions en tête cet éco projet avec les éléphants dans le Mondolkiri qui nous coûtait 1/4 de notre budget total, 700€ pour 3 jours, et nous avions vraiment envie de vivre cette aventure dans la jungle. Malgré tout, grâce aux efforts de tous sur la nourriture et les transports avec le bus, nous avons réussi à tenir notre budget des 100€ par jour 🙂

Nous sommes fin novembre, nous avons passé des heures et des heures en bus, encore ce soir pour quitter le Cambodge ;  il est 17h et nous arrivons au Vietnam avec des souvenirs touchants, avec des souvenirs émouvants, avec des souvenirs « à la cambodgienne » !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mes rencontres au Cambodge par Lily.

Au Cambodge, on peut voir des temples mais on peut aussi voir des animaux.

A Kratie, nous avons rencontré Kina, elle s’occupait du restaurant de notre hôtel. Elle est trop gentille !!! En plus elle m’a appris à écrire Lily en Cambodgien.

Ensuite, elle nous a proposé d’aller faire du canoë kayak avec son patron qui parle français. Le lendemain, nous y sommes allés et nous avons vu des dauphins d’eau douce !!!!!!!!!!!! Ils était très jolis.

A Kratie, nous avons aussi rencontrés Soda un chauffeur de tuk-tuk très sympa.  Il nous a emmené voir sa famille et chez sa maman il y avait plein de petits chiots !!!!! Nous leurs avons donné des noms. Il y en a un que j’ai appelé Sparkle, ça veut dire paillette en français.

La semaine suivante nous sommes allés voir des éléphants dans un camps. Nous y sommes restés trois jours et nous avons vu quatre éléphants. Ils s’appelaient : Sambo , Rubis , Doe et Darling, c’était toutes des filles car les mahuts ne savaient pas où les males allaient. Les mahuts ce sont des personnes qui protègent les éléphants. Les éléphants étaient en liberté dans la jungle. Mon éléphant préféré était Rubis.

 

Maintenant nous sommes partis du Cambodge et nous avons passé la frontière du Vietnam.

Lily.

Kratie, « fall in love »

Mardi 14 novembre

Nous voilà arrivé à Kratie, dans l’Est du Cambodge depuis hier soir. Nous sommes arrivés de Phnom Penh avec un mini bus de la compagnie Taing KimSeang Express réservé sur Camboticket , 4h30 de trajet sur une route chaotique pendant la moitié du parcours et sur une piste pour l’autre moitié du trajet. « Rappelle-moi, me dit Ludo, nous avons réservé un bus de nuit pour le retour ?! On s’est fait avoir 😊 On ne pourra jamais dormir !! » On éclate de rire.

D’habitude on arrive à passer ces temps de bus plus ou moins bien avec un peu de lecture, un temps d’école, lecture et mails mais là ; hier, tout est resté bien rangés dans les sacs ! Ludo a même échoué à sa tentative de boire de l’eau 😊

C’est bien secoué que le chauffeur nous laisse « on the riverside » avec nos sacs. La chambre que nous avons réservée n’est pas très loin, les enfants sont fatigués par ce trajet, nous les motivons « Allez, on y est presque, et puis on a de la chance, vous avez vu l’orage sur la route, on aurait pu avoir le même ici ! » … « Maman, je sens des gouttes… » Et bien voilà, on y est ! Sous la pluie !

Plus tard nous y repenserons et nous nous dirons que cette pluie a été une vraie chance… Elle nous a permis de rencontrer Soda « Mister Soda » ! Il passait par là juste au moment où nous allions poursuivre avec nos ponchos de pluie et nos sacs. « You need help ?! » Soda me tend une feuille écrite en français, un chauffeur de tuk-tuk francophone, c’est énorme. Sur le chemin, il nous vend ses services pour notre séjour avec cette bonne humeur qui nous fait du bien après la journée que nous venons de vivre. Nous gardons son téléphone « Maybe we call you ».

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Notre chambre donne sur une grande terrasse au 2ème étage d’une guesthouse au bord du mékong ; il faisait nuit quand nous sommes arrivés, nous n’avons pas pu profiter de ce merveilleux coucher de soleil que nous découvrirons le lendemain.

Pek, le gérant, parle très bien français, il fait aussi parti de la police touristique de Kratie. Sa femme travaille avec lui. Ils ont trois enfants, 4ans, 3 ans et 18 mois. Les deux premiers sont chez papi et mamie nous explique Pek « C’est plus facile pour le travail. ».Avec le petit dernier, Dima, Jonas passera de long moment. 

Il y a aussi Kina, une jeune fille de 23ans qui est attendrie par les enfants. Lily et Kina ne se lâcheront pas de tout notre séjour ici. Kina parle très bien l’anglais, elle est partie de 14 à 18 ans comme fille au pair dans une famille anglaise en Malaisie, elle est revenue pour repartir deux ans plus tard partager sa passion culinaire en Thailande à Bangkok où elle proposait des cours de cuisine en anglais à des touristes. Kina c’est un soleil qui nous illumine même le soir, quelle générosité et quel enthousiasme ! Elle me dit qu’elle cherche une famille française qui pourrait l’accueillir en échange elle aime tellement les enfants qu’elle pourrait s’en occuper. « Oui maman, dis oui !! Elle pourrait venir chez nous ! » Mais nous ne sommes pas en France ! « Keep my mail Kina, when we come back in France, why not ! 😉 »

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Nous avons décidé de venir dans la jolie province de Kratie pour deux raisons : les dauphins de l’Irrawady et le territoire sauvage et reculé du Mondolkiri. Cette partie du Cambodge est traversée du nord au sud par le Mékong ; la plupart des habitants gagnent leur vie grâce au fleuve.

Nous avons prévu de rester 5 jours à Kratie et nous prendrons la route pour le Mondolkiri dimanche.

Ce matin nous partons dans la camionnette de Pek avec 3 anglais et 3 kayaks à 15kms au nord. D’après ce que nous avons entendu Kampi est l’endroit idéal pour observer les rares dauphins de l’Irrawady.

Le dauphin de l’Irrawady est un dauphin d’eau douce qui peuplent quelques tronçons du Mékong au Cambodge et au Laos, et certaines eaux du Bengladesh et de la Birmanie. C’est un cétacé bleu-gris sombre qui peut atteindre 2,75m de longueur et 130 kilos à l’âge adulte. On le reconnaît à sa large tête ronde et à sa nageoire dorsale plus fine. C’est un nageur lent, bien qu’il circule dans les grands fleuves, c’est un dauphin océanique, il peut donc vivre en eau douce ou salée.

Les dauphins de l’Irrawady du fleuve du Mékong sont classés sur la liste des espèces en danger critique d’extinction, encore une conséquence néfaste de l’Homme. Il faut savoir qu’avant la guerre civile, près d’un millier de dauphins peuplaient les eaux cambodgiennes. Sous Pol Pot, ils ont été chassés pour leur huile ; leur nombre continue de chuter dans des proportions alarmantes à cause de la dégradation de leur habitat, certains sont aussi étranglés par les filets de pêche. Les experts estiment qu’il reste moins de 85 individus dans le Mékong, de Kratie à la frontière du Laos.

Pour tenter de les apercevoir, il y a deux solutions : un bateau à moteur à l’embarcadère de Kampi ou le kayak en réservant une excursion directement à Kratie. Nous avons préféré la deuxième solution, plus nature !  Et nous aurons peut-être plus de chance d’en apercevoir car le bruit dérange les animaux.

Notre guestHouse « Silver Dolphins » propose ce type d’excursion sur ½ journée, 26$ pour un adulte, 23$ pour un enfant « It’s more expansive ! » répond Ludo à Pek le gérant. 98$ pour nous 4, c’est trop, nous avons décidé d’économiser pour notre trek de 3 jours dans le Mondolkiri. Nous en parlons avec Pek et lui expliquons aussi notre aventure en famille ; « How much you can ? » Il accepte notre budget de 60$ pour nous 4.

« Papa, tu crois qu’on va en voir des dauphins de l’Irrawady ? » Cette scène m’en rappelle une autre un peu identique il y a plus d’un mois en Indonésie dans les îles de la Sonde… « Papa, tu crois qu’on en verra des dragons de Komodo ? » Le guide à l’époque avait répondu « If we are lucky 😊 » Alors ce matin, nous leurs répondrons la même chose : si nous avons de la chance 😉

Arrivés à Kampi, nous déchargeons les canoës et les mettons à l’eau.

Le Mékong est encore plus impressionnant quand on y navigue dessus. Il paraît si calme et pourtant nous nous rendons vite compte qu’il y a un sacré courant. Nous passons par des petits rapides, autour de nous des arbres qui poussent on ne sait comment, complètement immergés ! Au milieu du fleuve des bancs de sables. Pek nous dit de ralentir, nous arrivons vers « la maison des dauphins ». On se laisse porter par le courant, là attentif, à l’affut d’un signe. « There ! There ! Dolphins ! » C’est très rapide. On le voit aussitôt replonger. Il réapparait une nouvelle fois tout aussi rapidement. Il faut attendre nous dit Pek. Nous décidons de pagayer jusqu’à un banc de sable et y patienter. Lily et Jonas en profitent pour se baigner dans le Mékong, ils glissent et rient.

Au loin, des bateaux à moteur s’avancent avec des touristes « Oh non !! Ils vont les faire fuir ! » Plus de dauphin à l’horizon… Nous reprenons les canoës « Nous allons essayer un peu plus loin » nous dit Pek.

« Là, là, maman ! Regarde ! » Au loin, un dauphin 😊 Nous avons eu de la chance aujourd’hui, nous aurons vu des dauphins de l’Irrawady ! On ne pourra malheureusement pas vous partager des photos comme on a pu le faire avec les dragons de Komodo, qui étaient certes plus immobiles ! En échange, on a quelques belles photos, une affiche des fameux dauphins (que vous puissiez voir à quoi ils ressemblent tout de même !) et une petite vidéo de notre « navigation » sur un fleuve qui invite à la sérénité et l’émerveillement, le Mékong.

https://youtu.be/Nd1MLN4ldok

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Et nous rentrons par une route aussi chaotique que la veille…

https://youtu.be/mEvPjDEu2mU

De retour à la guesthouse en début d’après-midi, nous ne bougerons plus, la chaleur terrible (37° degrés) et « The Kayak Time » nous a épuisé. Biafine, lit, musique, danse et rire dans notre chambre, voilà un joli programme pour finir cette journée bien chanceuse 😉

 

Mercredi 15 novembre

« Que fait-on aujourd’hui ? » Première et très importante question au réveil de Ludo ce matin 😉 Ma réponse « Je ne sais pas. » Réponse toute aussi pertinente ! « Appelons Mister Soda ! » y répond Ludo. On avance !!

« Hello Soda ! Ah pardon c’est vrai tu parles français … ! Es-tu disponible aujourd’hui ? » Soda m’explique qu’il donne des cours de français dans un collège. « Demain peut-être ? » Nous prenons rendez-vous avec lui pour le lendemain, je raccroche et toujours la même question « Que fait-on aujourd’hui ? »

En face de Kratie, il y a une île sur le Mékong, « on peut y aller ? » Nous avons notre programme ! Direction le petit déjeuner et nous verrons comment s’organiser.

L’île de Koh Trong est un imposant banc de sable de 6 km situé au milieu du fleuve, on peut y accéder en bateau de Kratie.

Nouvelle question très importante pendant le petit déjeuner « On loue un vélo ou pas pour y aller ? » L’idée c’est de faire le tour de l’île et par cette chaleur, il fait déjà 25° degrés à 9h, marcher avec les enfants ce n’est pas envisageable. On peut louer un vélo ici et embarquer avec pour 500 riels de plus, on peut même embarquer avec un scooter pour 1 000 riels de plus. « On y va à pied et on demandera à un tuk-tuk sur place » dit Ludo.

Nous embarquons dans cette navette au milieu des cambodgiens, d’un sac de poisson accroché au-dessus de nos têtes, et d’un scooter, je ne me lasserai jamais de ces moment-là 😊 1 000 riels / personne la traversée, 1$ à 4.

 

« Maman, il n’y a pas de tuk-tuk ici, je n’en vois pas ! » me dit Lily. Effectivement… pad de tuk-tuk… Il y a bien une moto-dop un peu plus loin mais pas de conducteur. Une moto-dop c’est une moto avec une benne accrochée derrière. « You want a scooter ? » Un jeune homme nous propose son scooter et celui de son ami contre 10$. Ludo négocie un moment avec eux et nous lui payons 6$ pour les 2.

« Maman, t’es sûre que tu vas y arriver ?! » Nouveau challenge : un scooter à vitesse ! J’ai droit à un rapide cours de mon mari, ici c’est pour passer les vitesses, ici tu freines, tu démarres au point mort et voilà. Une île, c’est bien pour commencer une nouvelle expérience 😉 En avant ! « Tu sais que c’est la dernière étape avant la moto » me dit Ludo un peu plus loin. « Même pas en rêve !! »

A droite, un banc de sable qui s’avance dans le Mékong, le paysage est magnifique à voir. Nous nous arrêtons, Lily et Jonas s’empressent d’y descendre et d’y jouer « Maman, j’ai cassé ma tong ! » Et bien, tu marcheras pied nu… 😉 Ce n’est pas du sable mais de la boue le banc de sable, les enfants s’amusent à enfoncer leurs pieds dedans.

Nous poursuivons notre découverte ; au centre, des champs, des plantations et des vaches. On comprend vite que l’île de Kho Trong est tournée vers l’agriculture. Devant toutes les maisons, des réserves de foin pour les bêtes et des machines pour retourner la terre. Rizières, plantation de soja, bananiers, maïs et d’autres légumes… Ici la spécialité, c’est la culture des pomelos. La terre sur l’île semble fertile.

La balade se fait en toute quiétude, pas de voiture et une seule petite route qui fait le tour. Nous avons droit à un accueil chaleureux, les habitants nous saluent, les enfants viennent à notre rencontre. La vie paraît beaucoup plus calme ici.

De retour à notre chambre, on sourit, pour une journée qui n’était pas improvisée, c’était encore une fois une jolie découverte.

« Et maintenant maman, on fait quoi ?… Ecole !! » Je ne suis pas certaine que c’était la réponse qu’ils attendaient 😉

 

Jeudi 16 novembre

Aujourd’hui je vais commencer par vous présenter une famille qui m’a beaucoup touché, la famille de Soda. Mister Soda, comme il se fait appeler en riant, n’est pas qu’un conducteur francophone de tuk-tuk à Kratie, c’est le 3ème enfant d’une famille de 5 du village de Kou Loab. Rappelez-vous, nous l’avons rencontré par hasard le soir de notre arrivée sur Kratie.

La famille de Soda, c’est un papa de 63 ans, agriculteur dans les rizières familiales, ébéniste et ancien militaire nous explique-t-il entre deux phrases en cambodgien que son fils nous traduit ; la famille de Soda c’est aussi une maman plus discrète qui semble beaucoup aimé les enfants, « elle se sent seule la journée » nous confie Soda,  c’est aussi une grande sœur de 39 ans, analphabète, elle ne sait que parler le khmer et travaille dans les champs, puis deux petites sœurs plus jeunes que Soda, l’une tient une épicerie après être partie en Thaïlande et au Japon pendant 5 ans pour travailler en tant que cuisinière et économiser pour ouvrir son épicerie dans son pays, l’autre enseigne les mathématiques dans un collège et le dernier un petit frère qui vient de finir le collège et apprend le métier d’agriculteur avec son papa, « c’est lui qui s’occupera des rizières ! » dit Soda.

Ce matin, nous avons la chance de rencontrer cette famille, Soda nous ouvre les « portes » de son village, de ces maisons et de leurs cœurs, leurs regards sont plein de bonté et d’amour. « Juste 5 minutes, je m’arrête voir ma grand-mère, tu veux venir ? » En haut des escaliers d’une maison sur pilotis, attend une vieille dame, le regard dans le vide, « elle a 98 ans » précise Soda. Nous restons là un petit moment avec « Tima », elle vit seule dans cette grande maison, elle a perdu son mari il y a longtemps et 4 de ses enfants « Pourquoi reste-t-elle seule ici ? » je demande à Soda, d’habitude les enfants accueillent leurs parents âgés, « Elle ne veut pas partir de sa maison. » me répond Soda. Il en profite pour m’expliquer qu’ici au Cambodge c’est le plus jeune enfant qui hérite de la maison, les autres peuvent avoir des terres ou des champs si la famille en possède.

Il n’est que 10h30 et il fait déjà très chaud, nous sommes partis de Kratie en tuk-tuk ce matin et sur notre route jusqu’ici, le village de Kou Loab, nous avons croisé beaucoup de sourires, beaucoup de gentillesse, beaucoup de curiosité. Cela fait quelques jours que notre regard sur les cambodgiens a changé, en fait depuis notre séjour à Kampong Chnnang ; serait-ce ces régions plus au nord qui sont plus accueillantes ? Serait-ce la campagne cambodgienne qui donne plus le sourire ?

Sur le chemin, Soda nous a proposé de le suivre dans une rizière pour y rencontrer des agriculteurs. Dans ce champ, pas moins de 30° degrés et il est moins de 10h… quatre hommes et deux femmes sont là, couverts de la tête aux pieds avec une serpette à la main, ils coupent les tiges de riz sous cette chaleur pour 5$ la journée… » Ils ont quand même une pause de 11h à midi ! » nous rassure Soda…  

Une fois coupées, les tiges de riz sont ramassées et les grains de riz détachés. Ils les feront ensuite sécher devant les maisons comme nous le voyons au bord de la route. « C’est du riz de 6 mois celui-ci, du riz pour manger, si on attend un peu plus, le riz de 7 mois est meilleur ! » précise Soda. Il nous explique qu’il cultive aussi du riz de 3 mois mais c’est pour nourrir les animaux.

Depuis que nous sommes arrivés sur Kratie, c’est la première fois que nous voyons autant d’animaux dans le pays, beaucoup de vaches et de buffles qui servent pour les travaux aux champs. Un buffle adulte c’est 1 000$ au Cambodge, « J’achèterai plutôt un bébé alors maman ! » dit Lily, c’est 400$ alors ! Nous apprenons que le Cambodge c’est 85% d’agriculteurs, des agriculteurs qui ont changé tout doucement leur méthode de travail, ils ont plus de matériels agricoles qu’avant mais les buffles sont encore utilisés.

Nous échangerons un long moment avec ces travailleurs dans la rizière, Soda en traducteur nous est d’une grande aide 😉 Parmi le groupe, un homme est plus curieux que les autres « Est-ce que vous payez en France pour vous soigner ? Combien ça coûte un billet d’avion pour venir au Cambodge ? Est-ce que vous payez des impôts sur votre salaire en France ? » Une question en amène une autre, Soda traduit gentiment ; ce matin au milieu de cette rizière nous avons partagé un moment simple, un moment bon !

Quand nous arrivons dans la maison des parents de Soda, il est 11h et nous en profitons pour faire une pause sur la terrasse ombragée. « Je construirais une maison comme ça ! » me dit Soda. Il a acheté un terrain un peu plus loin dans le village et attend d’économiser pour commencer. « Ici, quand tu veux construire, tu mets de l’argent de côté, quand tu en as assez tu fais les piliers, après tu continues à économiser pour le sol en bois, puis, les murs et enfin le toit » Dans la maison de ses parents ils ont construit 3 chambres ; pour 6$ la nuit on peut rester là, dormir dans un village qui promet de belles rencontres.

Pendant cette pause, Soda nous en dit un peu plus sur lui, il a appris le français à Phnom Penh où il y a passé 2 ans, logé chez les moines bouddhistes. En échange du logis que ses parents ne pouvaient pas lui payer, il aidait dans la pagode : la préparation des repas, la lessive, le nettoyage. Il a passé son concours pour être enseignant, l’a obtenu et il est revenu chez lui. Il enseigne dans un collège à quelques kilomètres d’ici, seulement 12h par semaine car dans les écoles l’anglais est aujourd’hui plus enseigné que le français, c’était différent pendant la période coloniale. « Je suis fonctionnaire comme toi ! » me dit-il. Au Cambodge, il n’y a que les fonctionnaires qui paient des impôts sur le salaire. 12h ne sont pas suffisantes pour faire vivre sa famille… Alors Soda se transforme en conducteur de tuk-tuk et guide francophone quand il n’est pas en classe. Je repense là à Abul en Indonésie qu’on avait rencontré dans son école sur Lombok et qui était lui aussi cuisinier le soir dans un restaurant… Une double vie pour certains, parfois même triple pour d’autres !

La pause pourrait durer jusqu’au soir avec Soda tellement il est intéressant, il aime son pays et son village, il aimerait tant voir des changements, voir un mieux chez lui mais cela semble perdu pour le moment… « Encore trop de corruption au Cambodge, encore trop de mauvaises personnes au pouvoir, les khmers rouges sont toujours là, en 2018 c’est les élections mais il n’y a qu’un seul parti politique, ce n’est pas la démocratie ça… ! »

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Nous reprendrons notre discussion plus tard pendant le repas, avant c’est chez sa grand-mère paternelle que nous allons, nous aurons fait le tour de toute la famille avant de partir 😊

« 50 petits enfants maman ! Il a dit 50 ! Un zéro de plus que mamie 😊 !! » Cette grand-mère de 90 ans nous accueille avec un grand sourire dans sa maison. Son époux travaille dans les rizières. « Mais il a quel âge ton grand-père Soda ? » 91 ans. Je ne sais pas quoi répondre. Je repense aux travailleurs de ce matin, leur dur labeur et j’imagine ce grand-père de 91 ans dans sa rizière. Il n’y a rien à ajouter. « Ma grand-mère dit que vous avez de beaux enfants, surtout le garçon ! » Depuis que nous sommes au Cambodge, Jonas est une star, toutes les femmes sont sous le charme. « Tu nous coûterais cher en dot toi ici ! » je dis à Jonas.

Oui parce qu’ici, c’est comme en Indonésie, le mari doit verser une dot à la fille pour le mariage ; 80% sont des mariages d’amour nous précise Soda. Il y a encore tout de même 2 mariages sur 10 qui restent des mariages arrangés par les parents dans les familles encore traditionnelles. « Moi je partirai me marier en France me dit Jonas comme ça je ne paierai pas la dot et après je reviens ! C’est comme ça qu’il faut faire maman ! » 😉

 

Notre visite familiale se finira dans la cabane du patriarche au milieu de sa rizière. Lily et Jonas ont repéré les hamacs à l’ombre des bananiers, on ne les entend plus. Soda nous offre le thé jusqu’à ce que son papa arrive et sorte la bouteille d’alcool de riz, je vois la tête de Ludo et je ris. Avec cette chaleur… Son papa est comme lui, d’une  grande gentillesse. Nous repartons et sans tituber !! Ludo a fait appel à Soda pour stopper son papa dans son élan de générosité en alcool de riz.

Comment ne pas être sous le charme d’un village pareil… Nous croisons des volontaires anglais « C’est l’association BSO » nous précise Soda. Ce sont des jeunes qui viennent pour aider, ils donnent des cours d’anglais aux enfants et participent aussi à des travaux dans le village. Une bonne chose ! Je garde le nom de l’association dans un coin de ma tête, on ne sait jamais… J’apprends que sur Kratie, il y a d’autres ONG qui apprennent aux cambodgiens à cuisiner, à coudre, l’anglais, à utiliser l’informatique, qui tentent de leurs ouvrir quelques portes avec un métier.

Nous quittons Kou Loab et avec Ludo ce même sentiment ; nous avons vécu ici un de ces moments qu’on n’oublie pas, un de ces moments qui nous ramène aux choses essentielles, un de ces moments qui nous dit c’est ça le vrai.

Sur la route qui nous mène jusqu’à la montagne sacrée de Sombok, à mi-chemin entre Kratie et Kampi, plus personne ne parle, Lily s’endort à moitié sur le fauteuil, Jonas à les yeux dans le vague, Ludo et moi sommes perdus dans nos pensées ; ce village nous a comme hypnotisé.

« 400 marches ! Ah non maman ce n’est pas possible ! » crie Lily. Oui Lily crie 😉 Nous sommes arrivés à Phnom Sombok, c’est une petite colline où se dresse un vat (=un temple) encore en activité. Soda nous dit même que c’est un centre de méditation, parfois des Belges, des Allemands et des Anglais viennent y passer 3 jours pour méditer. D’en haut, j’ai lu que la vue sur le Mékong y était splendide ; mais avant 400 marches !! Lily n’en démordra pas, elle préfère rester dans le tuk-tuk avec Soda. Nous partons donc à trois pour cette ascension. « 1, 2, 3, 4, 5… » Jonas a décidé de vérifier : y a-t-il bien 400 marches ou en ont-ils oublié ?!

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 138, 139, 140 ! » Nous arrivons au premier palier. Ici, une première statue de Bouddha, une librairie et un accès au monastère. « 141, 142, 143… » Nous reprenons notre ascension, il fait terriblement chaud, heureusement que nous sommes protégés par cette forêt. Le long des escaliers, des statues de moines alignés et quelques pensées qui ressemblent à des proverbes sur des banderoles. « 257, 258, 259… » Deuxième palier, nous commençons à apercevoir d’ici la vue sur le Mékong et sur les rizières environnantes ; il y a un chemin autour de la colline décoré de statues de Bouddhas assis qui regardent au loin. « Allez ! On continue ! » nous appelle Jonas ; il a peur d’oublier à combien il s’est arrêté 😊

« 260, 261, 262… » En haut un grand serpent enroulé sur un des piliers du temple nous attend, le temple semble tout petit. « 383, 384, 385 ! Maman, il n’y a pas 400 marches ! » Ludo appelle Jonas, viens par ici, ce n’est pas fini !! « 393, 394, 395 ! Ils ont oublié cinq marches ! » crie Jonas. Les ont-ils vraiment oubliées ? Ou y a -t-il eu une erreur de comptage ? Nous laisserons planer le doute 

La vue d’ici est merveilleuse. On entrevoit à travers la végétation le Mékong, aussi imposant qu’il y paraît d’en bas, de l’autre côté, les rizières à perte de vue. Dans le temple, des peintures sur les murs et le plafond retracent la vie de Bouddhas de sa naissance à son éveil, certaines sont tout de même un peu morbides.

« Maman ! Papa ! vous m’avez manqué ! C’était comment Jonas les 400 marches ?! » dit Lily. Jonas s’empresse de leurs dire qu’il n’en a compté que 395.

Il est 14h, nous avons tous très faim et soif, il est temps de retourner sur Kratie. Direction le Tokae, c’est un petit restaurant au centre-ville en face du marché, nous y avons déjeuné ce matin. On le reconnait facilement au gros tokae (=gecko) qui orne son mur. C’est un bon restaurant avec aussi quelques chambres à louer tenu par un Espagnol pour y manger des plats cambodgiens et des crêpes pour les enfants 😉 D’ici, on profite de cette vie animée autour du marché. Nous pourrions tout aussi bien s’y installer avec un verre et simplement rester là.

Sur le retour, je dis à Ludo que j’aimerai vraiment faire quelque chose pour le village que nous avons visité, un geste ; Ludo est d’accord. C’est difficile de vouloir aider de façon pérenne. En discutant avec Soda, Ludo lui confie nos doutes sur cette aide « Vaut-il mieux donner de l’argent à ces familles ou leur offrir des terres pour cultiver ? » Ils ont besoin d’argent pour se nourrir nous répond Soda, acheter du riz et du poisson. Mais comme nous disons si bien lui répond Ludo « Donne du poisson à quelqu’un, il aura à manger pour un jour ; apprend lui à pêcher il en aura pour toujours. » Soda comprend bien ce que nous lui disons « C’est vrai que c’est encore mieux d’avoir une terre mais l’urgence pour eux c’est de se nourrir… » Donner de l’argent gêne un peu Ludo, nous réfléchissons à un autre moyen qui pourrait soulager ces familles. « Et l’école du village Soda ? Qui achète le matériel pour les élèves ? Les cahiers, les stylos ? » Il nous explique que ce sont les parents qui doivent le faire, il n’y a aucune aide ici, même les uniformes doivent être achetés par les familles qui peinent pour certaines à simplement se nourrir…

De retour à Kratie, je demande à Soda de m’emmener au marché avec lui, Lily nous accompagne ; nous achetons là des cahiers et des stylos que nous offrons à Soda « C’est pour les enfants de ton village, pour l’école, c’est un cadeau pour eux, dis leurs de bien apprendre à lire et à écrire Soda, c’est important. »

Nous nous quittons « Maman, on va le revoir Mr Soda ?! » demande Jonas, peut-être on ne sait pas, nous restons ici encore pendant 2 jours, voyager c’est aussi vivre de belles surprises Jonas.

Comment imaginer ce matin au réveil que nous vivrions un de ces moments qui marquent une vie et Ludo d’ajouter « Quand je verrai de l’alcool de riz, toute ma vie je repenserai à ton papa Soda 😊 ! »

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